Le Rire Médecin est présent dans les services de grands brulés de l’hôpital Trousseau à Paris et des CHU de Nantes et Nancy. Aussi nous souhaitons vous faire découvrir le travail extraordinaire des clowns dans ces services si spéciaux. 

Dans les couloirs, on rencontre en effet d’étranges « petites momies » ainsi enrubannées pour protéger leurs blessures de tout risque d’infection. On y croise aussi des enfants encore sous les effets de l’anesthésie générale et beaucoup de parents qui ressassent leur culpabilité. Dans ces services, pas question pour les clowns de se montrer trop intrusifs, il leur faut intervenir tout en délicatesse.

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« Arrêtez de me faire rire, je ne peux pas rire ! » lance Anna, du bout des lèvres. Enrubannée dans son bandage qui ne laisse voir que ces yeux, Anna est l’une de ces « petites momies » de l’unité des brûlés du CHU de Nantes. Hospitalisée après avoir reçu de l’huile bouillante, Anna est brûlée sur plus de la moitié du corps et au visage. Le matin, en transmission*, la clownette Ondine Sacoche (Dominique Vissuzaine) est prévenue : pour qu’elle retrouve vite l’usage de sa bouche, il faut faire rire Anna et entraîner la libération des brides qui gênent la mobilité de ses lèvres. Anna est une grande joueuse de flûte, et l’équipe soignante est convaincue que la reprise de cette activité fera partie de sa guérison. Mme Ondine Sacoche et son acolyte clown entrent en scène… Anna a beau essayer de dissuader les clowns de la faire rire, c’est sans compter sur leur persévérance et leur talent ! Devant leurs facéties et élucubrations, elle ne peut contenir plus longtemps son rire. Mission accomplie pour nos deux comparses !

Les parents se sentent coupables et sont extrêmement tendus.

En France, 60 % des brûlures sont d'origine domestique : l’eau de cuisson qui éclabousse un tout petit, une tasse brûlante qui se renverse, des petites mains posées sur la porte du four… Ce sont des accidents imprévisibles qui font basculer la vie de toute une famille en quelques secondes. Les parents se sentent coupables et sont extrêmement tendus. Les clowns permettent de libérer un peu de cette tension. Intervenant depuis dix ans auprès des grands brûlés, Ondine Sacoche sait à quel point le recours à la musique est utile. « Je chante beaucoup » nous confie-t-elle, « le chant libère et les parents se mettent à pleurer de voir leur enfant à l’écoute ». Les clowns se chargent de changer l’air. « Quand nous faisons mine d’inverser les rôles entre enfant et parent et de bercer ce-dernier, on sent nettement la tension se relâcher…On évoque souvent la capacité des clowns à faire rire mais parfois les larmes permettent à la pression de se relâcher.»

Les traitements des brûlures sont lourds et peuvent durer plusieurs heures. Les pansements doivent être changés tous les 2 jours, voire tous les jours. Les clowns sont donc régulièrement sollicités pour faire des accompagnements de soins. Il ne faut surtout pas que l’enfant s'agite ; cela compromettrait le travail des soignants. Le jeu se fait alors tout en douceur. Pour capter l'attention des petits, les clowns utilisent leurs marionnettes, font des tours de magie. Ils doivent garder un contact visuel avec l'enfant, pour qu’il sente leur présence.

Les premiers temps de l’hospitalisation, les soins des plaies sont parfois si douloureux qu’ils se font sous anesthésie générale. L’enfant reçoit des médicaments pour se détendre et diminuer son anxiété, ce qui le rend somnolent et déforme sa vision de la réalité. La présence sonore ou visuelle des clowns ne doit pas être trop forte ou agressive. Il leur faut opter pour le bon dosage afin que le lien se noue dans de bonnes conditions. Le jeu sur l’absurde leur offre pour cela de formidables possibilités. Il leur permet d’entrer dans le « délire » de l’enfant et tisser de beaux instants hors du temps et d’une réalité difficile pour ces petits.

« Pour moi, c’est le service le plus dur, parce que la violence visuelle est terrible »

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Ce recours à l’absurde est par ailleurs un véritable moteur pour mobiliser leur énergie devant des visions très difficiles. Les clowns ont en effet besoin d’apprendre à gérer leur propre réaction à la vue des brûlures. « Pour moi, c’est le service le plus dur, parce que la violence visuelle est terrible », nous confie Dominique Vissuzaine. Elle se souvient en particulier du jour où elle a joué pour un petit garçon qui n’avait plus de nez. Avec son acolyte, elles avaient heureusement été prévenues. « Ce jour là, raconte-t-elle, j’ai vraiment pris conscience que le personnage du clown peut se permettre de mettre le doigt sur des choses sensibles. Nous faisions un tour de magie avec des nez rouges et j’ai lancé, « tiens, mettons lui sur le nez ! ». J’ai vite réalisé ma gaffe, je venais de mettre les deux pieds dans le plat ! Mais au clown, rien d’impossible ! Nous avons trouvé un moyen d’accrocher ce nez rouge à ce petit bonhomme qui n’avait plus le sien ! J’ai eu un moment de doute mais devant son sourire, j’ai compris que nous avions vu juste ! »

Aujourd’hui, à l’instar de ce petit bonhomme, les enfants des services des grands brûlés attendent chaque semaine impatiemment l’arrivée de leurs clowns. Seul votre soutien nous permet de relever ce défi… pour que, tel un baume apaisant, le jeu, la musique et la fantaisie soulagent le quotidien de ces enfan

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