Une maladie comme le cancer bouleverse l’équilibre d’une famille. Entre peine et difficulté de trouver sa place dans ce nouvel équilibre, les frères et sœurs des enfants malades traversent également une épreuve difficile. A l’instar de ce qu’ils font pour l’enfant hospitalisé, les clowns hospitaliers peuvent aussi leur offrir l’opportunité de rester, eux aussi, des enfants dans cette tourmente.

Quand toute l'attention se focalise, naturellement, sur le jeune malade, certains frères et sœurs peuvent se sentir délaissés et nourrir des sentiments ambivalents. Le frère ou la sœur peut être déchiré entre la compassion pour son aîné ou son benjamin hospitalisé, mais lui en vouloir aussi d’accaparer ses parents. Cette contradiction accentue encore son sentiment de culpabilité d’être, lui, en bonne santé, et son impression d’isolement.

« Il se dit : « mes parents sont suffisamment inquiets, je ne vais pas en rajouter. Dès lors il peut devenir très, voire trop raisonnable, et s'inhiber. »», explique le psychothérapeute familial Eric Trappeniers*. Réprimer ses sentiments de manière excessive pour ne pas faire de vagues peut fragiliser son épanouissement.

"les clowns permettent de remettre les compteurs à zéro entre frères et sœurs"

Les clowns hospitaliers, qui visitent 2 fois par semaine les services d’onco-hématologie, perçoivent cette amertume. Comme avec les parents, ils déploient des trésors d’ingéniosité pour inclure la fratrie dans le jeu et restaurer les liens fragilisés par la maladie. Ils autorisent à nouveau les rapports de moquerie naturels entre frères et sœurs. Comme le dit Marc, alias Félix, clown hospitalier à Nancy : « Les clowns permettent de remettre les compteurs à zéro entre frères et sœurs. C'est toujours fort de voir la joie des parents devant cette complicité retrouvée. »

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Photo : Olivier Ouadah

D’autant qu’il est difficile pour ces parents de rester à l'écoute de leurs autres enfants lorsqu’ils sont angoissés par les traitements lourds et les évolutions de la maladie. La fratrie trouve donc lors du jeu avec les clowns un espace privilégié où exprimer ses craintes ou agacements, tout en retrouvant une vraie connivence.

L’anecdote de Julien, alias Josué Caba, clown hospitalier à Nantes, l’illustre parfaitement : « Un jeune homme était hospitalisé en réanimation. La vue des tuyaux et des machines dissuadait son cadet de lui rendre visite et il restait dans le couloir. La psychologue nous a dit : « Nous allons essayer par le jeu de le faire entrer.». Nous adorons les missions de ce type ! Celle-ci a pris des allures de science fiction. Nous avons transformé l'appréhension de la chambre en curiosité face à la découverte d'un vaisseau spatial. Le frère s’est laissé embarquer. Après s'être évadé dans l'espace, nous l'avons laissé rendre visite à son aîné, dans la chambre, avec ses parents et la psychologue. »

 

 

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