Enfant, on lui disait : « Tu finiras sur les planches » mais il ne se rêvait pas comédien. Lui qui est devenu clown sur le tard sait maintenant quelle est sa place dans la société et dit de sa rencontre avec le Rire Médecin : « Ça devait se faire. »

C’est à 15 ans qu’Alexandre découvre l’atelier théâtre de Granville : « C’était parti ! Je me suis laissé porter. » Ses parents accompagnent sa démarche. Il faut dire que dans la famille, on cultive un bon terreau : on s’imite et se moque facilement les uns des autres.

Après trois ans d’études à Agen chez Pierre Debauche où il apprend « l’artisanat théâtral, comme en apprentissage », Alexandre joue 6-7 ans dans la même compagnie et continue à se former : stage bouffon, stage clown. Il enchaîne sur un solo de clown. Plusieurs années. Tout en continuant les stages. Mais au bout de dix ans de pratique théâtrale, celui qui se définit avant tout comme un « théâtreux » ressent un manque dans son travail de tous les jours.

Son fils naît en 2009 et doit être opéré d’une malformation. Et là, c’est l’évidence : il veut être utile. « Je n’ai pas eu un rêve mais une prise de conscience : j’ai tous les ingrédients mais à quoi ça sert ? ». Il croise les clowns à l’hôpital. Il s’était déjà renseigné sur Le Rire Médecin, sans rien tenter : les plannings ne concordaient pas. Mais un an plus tard, comme si les choses étaient écrites, Le Rire Médecin organise une audition… Dès le premier jour, Alexandre sait qu’il a trouvé son rôle. Et de raconter un récent et long accompagnement de soins : « Après ça, on sait pourquoi on s’est levé le matin ».

« Gromel, c’est un peu moi enfant », dit encore Alexandre, « il met du temps à comprendre les choses. » Pourtant, au moment même où l’endormi en pyjama rouge et nœud pap’ entre dans une chambre, il est en connexion directe avec son partenaire et avec l’enfant : « il se crée une situation mais quoiqu’il arrive, c’est l’enfant qui donne le La ».

Gromel est très physique, Alexandre y met un point d’honneur ; il cherche à retrouver « le manque de carapace des enfants ». Et s’il a très peur quand il entre dans la chambre, il définit ainsi une improvisation réussie : « On sait où le partenaire a envie d’aller, on le suit, tout en faisant l’inverse. Plus c’est clair, plus c’est contrasté, plus c’est intéressant, plus c’est réussi. » Comme cette impro muette devant une petite fille qui ne parlait pas français. Ou cette situation de mort imminente : l’enfant a ouvert un œil et redemandé une chanson douce. Alors, tout prend sens.

 

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