Soquette se cache dans la chambre de la petite Julie. Osvaldo frappe avec emphase. Julie crie « Entrez ! » et alors qu’Osvaldo ouvre la porte ; Soquette surgit et la referme … sur le nez du pauvre Osvaldo. Soquette et Julie éclatent de rire... Au Rire Médecin, les clowns jouent sans arrêt sur le registre du gentil et de l’espiègle, du sérieux et du turbulent, de l’auguste et du blanc… Mais dans ce drôle de couple, qui est qui ?

A l’origine, le clown est un personnage hérité des pistes de cirque équestre anglais du XIXème siècle et ne porte pas de nez rouge. Entre 2 performances de haut vol, il amuse le public dans ses tentatives désespérées d’imiter les voltigeurs. Il ressemble à un paysan, un bon bougre un peu gauche, dont il tient son nom (« clod » en anglais).
A la fin du XIXème siècle, un garçon de piste ivre aurait chuté sur le nez lors d’une représentation équestre. Le public, hilare, aurait alors adopté ce fou pochard, l’aurait baptisé "auguste" et sa figure à nez rouge se serait peu à peu imposée aux côtés du clown originel.

Désormais ils sont deux, le clown et l’auguste, en opposition. Le plus ancien des deux s’affranchit de sa maladresse pour devenir le sage, le savant gracile, spirituel et aérien, souvent autoritaire. C’est d’ailleurs pour cela qu’on a fini par le distinguer en lui apposant l’adjectif « blanc », à cause de son habit de lumière élégant, lumineux et pailleté.

A l’inverse, l’auguste, souligne peu à peu son nez rouge d’une dégaine hors du commun : vêtements déjantés, trop grands ou trop petits, symbolisant sa constante inadéquation au monde qui l’entoure. Ainsi fagoté, maquillé de couleurs, il enchaîne les gaffes et fait sans cesse échouer les entreprises de son acolyte.

C’est à Paris en 1900 que le duo Footit et Chocolat, respectivement clown blanc et auguste, maître et esclave a imposé cette dynamique de couple « dominant-dominé ». Depuis, que l’on pense à Laurel et Hardy, ou de Funès et Bourvil, les duos endossent malicieusement le ridicule de l’homme : le clown blanc prétend détenir la science infuse et l’auguste nous donne à rire de nos humiliations et hontes inavouées.

socquette

Cette mécanique du duel comique suscite un écho, des rebondissements, et offre au spectateur un espace de choix pour intervenir lui aussi. Au Rire Médecin, cet espace est très précieux pour faire jouer l’enfant. Face à un clown qui en maltraite un autre, l’enfant peut s’ériger en maître des opérations, décider de prolonger ou non le calvaire du plus faible – un bon dérivatif à sa propre souffrance.

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