Découvrez les extraits d'une journée au service de chirurgie pédiatrique du CHU de Nantes avec Huguette Espoir et Geoffroy.
17 avril 2018
Le CHU de Nantes est un centre de référence qui accueille des grands brûlés. Il fait également de la chirurgie viscérale, de la chirurgie orthopédique et plastique pour la réparation de parties brûlées. Ce jour-là, plus de quarante enfants sont hospitalisés en chirurgie pédiatrique et les transmissions durent une heure.
"Il va falloir maintenir l'énergie entre chaque chambre", prévoit Jeannick . "Notre jeu devra être soutenu et fluide, sinon on finira rétamés."
Jeannick et Olivier se maquillent, passent leurs costumes. tandis qu'ils se métamorphosent, l'une en Huguette Espoir et l'autre en Geoffroy [...]
Lorsque les deux clowns pénètrent dans la première chambre, ils découvrent les deux lits vides. Un homme attend, le visage anxieux. Huguette et Geoffroy tiennent un rapide conciliabule d'où il ressort que les deux enfants qui devraient être là se sont probablement cachés quelque part en les entendant arriver. Huguette et Geoffroy se lancent dans une recherche éperdue, ils soulèvent les matelas, ouvrent les placards, appelant : "Morgane ! ... Emmanuel ! ..." Ils réquisitionnent l'homme qui se joint à eux de bon coeur.
Il s'appelle Christophe, il est le papa de Morgane qui est en ce moment même au bloc opératoire, de même qu'Emmanuel, son jeune voisin. Quand Huguette lui donne l'accolade pour le remercier de son aide précieuse, Christophe répond à son étreinte avec une énergie qui trahit son angoisse.
Attirée par le remue ménage, Alicia trottine aussi vite qu'elle peut. Elle a quinze mois et sa démarche est encore mal assurée. lorsque les clowns se penchent sur elle, Alicia se dandine d'un pied sur l'autre en poussant de petits cris de plaisir. Son nez et ses pommettes sont d'un bleu violacé qui tourne au jaune. La veille, elle est tombée dans l'escalier de la maison familiale et son visage a heurté les marches. Ses parents l'ont amenée à l'hôpital pour s'assurer qu'elle n'a rien d'autre que cette vilaine ecchymose.
Alicia ne veut pas lâcher ses nouveaux amis et les accompagne dans la chambre de Jules, un bébé de neuf mois, assis sur les genoux de son père. Jules souffre d'une arthrite du genou et un eczéma éruptif lui couvre le visage de croûtes rouge vif. Huguette et Geoffroy chantent "Chanson d'amour" , Jules parait fasciné.
Dans le couloir, les clowns croisent Sunita, 8 ans, qui s'est brûlée avec du thé bouillant. Des infirmières poussent le lit de la fillette vers la salle de soins où va lui refaire ses pansements. Lorsqu'elle aperçoit les clowns, Sunita leur tend les bras dans un geste théâtral et les appelle à grands cris. Elle a reçu un sédatif qui l'aidera à supporter la douleur et elle est complètement dans les vaps. Sous le regard amusé des infirmières, Huguette grimpe dans le lit de Sunita. "Pourquoi tu es avec celui-là ?" s'étonne la fillette en désignant Geoffroy, "la fois dernière tu étais avec un autre." Geoffroy ne laisse pas passer un prétexte en or pour une spectaculaire scène de jalousie. Visiblement désolée, Sunita cherche à apaiser Geoffroy mais tout s'embrouille dans son esprit confus et les clowns poursuivent leurs chamailleries pour rire. Sur un signe des infirmières, ils s'arrachent à la fillette qui ne veut pas les laisser partir.
[...]
Huguette et Geoffroy terminent leur journée dans le service de pédiatrie spécialisé qui traitent de néphrologie, de cardiologie et d'affections neuro-digestives.
La plupart des malades sont de tout petits enfants.
Maéli et Yotis-Anne sont des bébés de quelques jours qui pleurent bien avant que les clowns n'arrivent dans leur chambre. Lorsque Geoffroy accompagne Huguette qui chante à mi-voix, ils se taisent un moment.
La journée se termine, il est dix-sept heures. Huguette et Geoffroy notent dans leur cahier de liaison les noms des malades et décrivent leur visite en quelques mots, assez pour donner les indispensables informations au duo qui leur succèdera ou se rappeler ce qu'il est important de savoir lors de leur pochaine visite, puis ils se démaquillent. Leur silence dit leur fatigue.
Extrait du livre Nez rouges, blouses blanches, 20 ans du Rire Médecin (Editions : Les impressions nouvelles).
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